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Pakistan

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Pakistan
24 décembre 2023

Parution de mon recueil de traductions de la poésie ourdoue et sindhie chez Amazon

 

Ce soir oppressant n’en finit pas de finir

Le Pakistan raconté par ses poètes

 

Le Pakistan défraie la chronique quasi quotidiennement pour les raisons que l’on connaît. Au-delà de l’actualité il y a le vécu d’un peuple qui vit, qui rêve et qui désespère. Cet ouvrage aborde la tragédie pakistanaise en captant les espoirs, les rages et les déceptions du peuple pakistanais à travers l’œuvre des poètes qui ont su le mieux les interpréter. Il nous fait découvrir une société qui souffre dans son âme et dans son corps mais à laquelle l’on ne saurait nier son fonds culturel riche, beau et sensible

 

 

https://www.amazon.fr/dp/B0CQRM77DD

 

 

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25 septembre 2022

Un pays en ruine

Perween Shakir, la grande poétesse pakistanaise, est morte en accident de circulation le 26 décembre 1994. Elle aimait son pays et s'attristait sur l'état dans lequel les élites civiles et militaires l'avait réduit. Elle avait une prémonition des tragédies, tant le fait des hommes que de la nature, auxquelles son pays allait être assujetti. 

 

Quel meilleure description peut-on trouver de la réalité du pouvoir au Pakistan et de l’état de décrépitude qui le caractérise que son poème allégorique « Un contrat de mariage bien raisonnable ». 

 

Un contrat de mariage bien raisonnable

(Traduit par Hidayat Hussain, l'auteur de ce blog)

 Un conte Persan

 

Entendant la voix d'un hibou, le Roi Baïram demande au savant de service s'il comprend la langue de ces hôtes des ruines et des lieux maudits. Le savant censé tout savoir au regard de sa fonction répond comme à l'accoutumée: " Bien sûr que oui mon seigneur, en enchainant, il s'agit en fait d'un hibou mâle qui demande la main d'une femelle de son espèce. Celle-ci lui demande en douaire 20 villages en ruine. Le mâle accepte et ajoute: Si le règne du Roi Baïram durait encore quelque peu je te donnerais en douaire mille villages en ruine au lieu des vingt que tu demandes si modestement.

 

Perween Shakir reprend ce conte et se fait l'interprète de la femelle dans les vers suivants:

 

Me contenterai-je de la partie différée du douaire

De l'acompte me serais-je souciée

Si des doutes planaient au sujet des ruines

Que c'est encourageant !

La rapidité avec laquelle se réduisent en ruine toutes ces maisons

Point de soucis pour nos sept générations à venir

Désormais, il n’y aura ni ce mauvais présage

Que sont les moissons dans les champs

Ni ces filles jouant aux poupées dans les cours

Non plus ces débordements de cruches au bord des rivières

Nullement ces papotages sur la place publique

L’émissaire des vautours est déjà passé

Me remettre l’invitation pour une fête

Où après le festin et la beuverie

Se déroulera un bal de durée indéterminée

J’ai même entendu dire que

Les chauves-souris constituent une troupe

De danseurs et de chanteurs

A laquelle sera confié l’honneur

De fêter la victoire dans les hauts lieux de la désolation

Ô ! Messager de la destruction

Mon cher aux pieds verts !

Que le dieu des diables exauce tes vœux !

Que tes paroles maudites

Puisées dans le livre du mal

S’avèrent comme celles

Du récitant à la voix enchantée

Vu l’éventail des domaines qui s’offrent

Quels soucis aurais-je à avoir ?

Pour ma pension alimentaire

Communes de détresse !

Cantons de malheur !

Préfectures de solitude !

Mon seigneur !

Ô ! Chef de confrérie des idiots

Que l’officiant du Roi Baïram soi convoqué !

Et le mariage célébré

28 août 2022

Inondations

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Poème écrit en 1975 lors d’une des inondations ponctuelles dans les plaines d’indus

Ahmed Faraz

Traduit par l’auteur de ce blog

 

Tendez vos mains !

Les inondations sont là.

Dansez !

Fêtez !

Les inondations sont là.

Qu’ils sont étranges

Les jeux de la nature !

Personne n’y peut rien.

Ils noient les uns,

Et font surnager les autres.

Abandonnez vos bateaux !

N’ayez pas peur !

Les tourbillons ne sont pas loin.

Dansez !

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Les inondations sont là.

Que vos huttes soient emportées !

Laissez votre bétail !

Que ne reste que le nom de Dieu !

Levez vos bras !

Et noyez-vous !

Oubliez vos biens !

Dansez !

Fêtez1

Les inondations sont là.

Mettez vos guenilles !

À chacun son sort !

À chacun son destin !

Mes sœurs qui êtes dévêtues,

Continuez à voir ce spectacle !

Ô ! Mères sans rien pour vous couvrir,

Continuez à tisser du velours et du brocart !

Dansez !

Fêtez1

Les inondations sont là.

Ô ! Vous les maudits de toujours,

Quittez ce monde !

Vous serez bénis,

Dans l’au-delà,

Cultivez des fleurs !

Mangez des cailloux !

Le blé est introuvable.

Dansez !

Fêtez1

Les inondations sont là.

Ô ! Vous, les progénitures de la misère,

Sacrifiez-vous sur l’autel de vous seigneurs !

Foncez !

Effacez vos douleurs !

Noyez-vous !

Dansez !

Fêtez1

Les inondations sont là.

29 décembre 2020

Militante Baloutche retrouvée noyée à Toronto - On n'a pas à trop chercher les assassins

 

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Ôtez le suaire de mon front

Pour que mes assassins ne présument

Que je me suis départie

De l'allant et de la fierté que me confère ma passion

Même après ma mort

 

(Faiz Ahmed Faiz – poète ourdou)

28 mars 2020

Un poème de Perween Shakir (1952-1994) pour ces temps de Coronavirus

 

Le Cercle

 (Repris du recueil “Khud Kalami” – ‘Monologue’, publié à Islamabad)

Traduit par Hidayat Hussain, l'auteur de ce blog

 

parveen shakir

 

Quelqu’un a-t-il jamais arraché des mains du temps,

La carte de l’endroit où se rencontrent la vie et la mort ?

Où disparaissent les habitations,

Où commencent les ruines.

Qui sait,

Que lorsque devant la peste,

Les premiers habitants,

De la ville bariolée,

Et les occupants de la dernière maison,

S’enfuient,

Les maisons muettes, sans l’odorat et sans le toucher,

Ne meurent pas.

De quelque coin,

Une araignée jette un regard furtif,

Et décore de sa solitude soyeuse,

Les murs et les portes.

De quelque part s’y égarent,

Un escargot, une mouche.

Ainsi se remet à se tisser.

La toile de la vie,

Et se fondent la noirceur et la tristesse.

De près et de loin,

S’amènent les chauves-souris,

Et retiennent le plafond de s’effondrer.

Un chat avec un pigeon dans sa bouche,

Et à son odeur,

Un chien.

Un lièvre apeuré,

Et à sa suite un loup,

Que file un lion,

Que dépiste un chasseur,

Qui en nettoyant le canon de son fusil,

Et les toiles d’araignée,

Pendant sur les fenêtres,

Laisse derrière une bougie,

Pour illuminer les nuits à suivre.

Cette lumière crépite,

Jusqu’au passage du prochain voyageur,

Puis apparait une araignée ….

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12 avril 2019

La pasionaria du Soudan

 

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Que l’on informe tous les régents

Qu’ils dressent leurs bilans

Quand montera le raz-de-marée de la plèbe

Il n’y aura que l’échafaud devant eux

Personne pour les sauver

C’est ici bas que seront prononcées les récompenses et les sanctions

C’est ici bas que se déroulera le jugement dernier

(Poème ourdou de Faiz Ahmed Faiz) 

31 janvier 2018

Parution d'un livre de l'auteur de ce blog : "Des héroïnes et des couards Chroniques pakistanaises"

 

 

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Mon livre "Des heroines et des couards - chroniques pakistanaises" va

paraitre dans deux semaines publié par la maison d'edition Les Indes
Savantes. voir la presentation du livre sur le site de l'editeur:


http://www.lesindessavantes.com/ouvrages/24689


Des héroïnes et des couards

Chroniques pakistanaises

Hidayat Hussain


Il y a plus de 3 500 cas avérés de disparitions forcées au
Baloutchistan pakistanais depuis 2005 et plus de 600 activistes ayant
fait l’objet d’assassinats ciblés par les services secrets pakistanais
et leurs supplétifs ; des personnes éduquées, avocats, médecins,
étudiants, professeurs d’université, intellectuels, écrivains, poètes,
et des professionnels pour la plupart. Les cadavres portent toujours
des marques de torture – bras et jambes cassés, brûlures de chocs
électriques, trous percés au moyen de foreuse dans le corps, et
finalement une balle dans la tête.

Dans le reste du Pakistan, les femmes font l’objet d’un traitement
odieux par la société masculine, porté aux pires extrémités pour
celles, emblématiques, qui veulent défendre leur cause et promouvoir
leur liberté.

Dans ces chroniques qui sont une plongée vertigineuse dans la vie
quotidienne d’un Pakistan à la dérive, l’auteur dénonce l’islamisme
radical, les politiques, les services de renseignement tout puissants,
l’armée… Bref !

Mal connu en France, le Pakistan nous est offert pour le meilleur et
pour le pire par un écrivain francophone talentueux.

Nombre de pages : 180 | Format : 125 x 210 mm - Dos carré collé | Date
de publication : 2018 | ISBN : 978-2-84654-481-8 | Prix : 16,00 €

26 juillet 2015

Fête de la mort de la multitude

(poème ourdou d'Ahmed Faraz traduit par Hidayat Hussain)

L’on nous demande de trouver un consolateur

Lorsque aucun pacte, aucune promesse ne s'honore

Dans aucun coin de la ville sans défense

Nul cœur, nul giron ne s'offre

 

N’avez-vous pas vu que sur les platanes jadis verts

Se sont réduits en débris les feuilles, les fruits?

Où aller chercher un vol de beaux oiseaux

En prisons se sont transformés les nids

 

Le jardin est devenu un tas de brindilles

Dépouillées de leurs parures sont les palmeraies

Les oiseaux se sont envolés des pins et des chênes

Plus de colombes dans les oliveraies

 

Le prêcheur au pupitre a perdu sa crédibilité

Le buveur sa réputation dans les lieux infâmes

Ceux-ci gardent leurs distances mais s’est effacée la différence

Entre l’édit religieux et la parole profane

 

Les confidents ont pris le parti du messager

Les accointances du quartier de la bien aimée se sont évaporées

Personne pour porter son témoignage

Les pécheurs, les pieux se sont sauvés

 

Qui est là pour répondre à l’appel ?

La ville entière est portée disparue

L'on n'entend ni la parole de Jésus ni souffler le cor de la fin des temps

Et le jour du jugement est révolu

 

Même les massacres on ne les comémore pas

Quel attrait a désormais le trépas?

Depuis que l’habit vermillon a perdu de son prestige

A quoi bon se tremper dans son sang

28 mai 2012

Scénario pour la pièce « Sassui et Punnu » jouée lors de la Semaine de la Francophonie à l'Alliance Française Karachi

Réalisé par Hidayat Hussain

 

Projection de l’image de Bhambore sur l’écran, Avec la chanson de Zarina Baloch (http://www.youtube.com/watch?v=RE-wWwr85jM&feature=player_embedded) en arrière-fond :

Bhambore1

 Voix-off :

L’histoire de l’amour de Sassui et de Punnu s’est déroulée à Bhambore, qui  est située à 65 kilomètres de Karachi. Bhambore était un ancien port du Sind à l’embouchure de l’Indus connu également sous le nom de  Daybul. La ville a été détruite soit par un changement du cours de l’Indus, soit par un séisme.

 

Projection de l’image de Monik Kervran lors de sa mission de fouilles dans le Sind :

 

 MAFS-photo-3

 Voix-off:

Monik Kervran, archéologue française qui a dirigé  la mission archéologique française au Sind (MAFS) de 1989 à 2002, a été frappée lors de ses travaux archéologiques à Bahrein et à Oman par la présence d’objets en céramique rouge. La  recherche de la provenance de ces céramiques l’a conduite au Sind. Lors d’une visite privée en 1987, elle a trouvé des carrelages rouges dans de vieux ports du Sind tels que Daybul, que l’on appelle également Bhambore. Ces céramiques dataient du 4ème siècle avant J-C au 10ème siècle après J-C. Le gouvernement français a conclu avec le gouvernement du Sind un accord en 1989 pour effectuer des fouilles archéologiques dans la région. Pour diverses raisons, les fouilles n’ont pu être effectuées à Bhambore mais principalement à Sehwan. Toujours est-il que la mission a découvert six ports qui existaient dans l’antiquité sur la côte du Sind.

 Fort heureusement, Monik Kervran va enfin pouvoir réaliser son projet d’effectuer des fouilles à Bhambore. Elle vient de recevoir l’autorisation nécessaire et va très bientôt commencer son travail.

 Revenons à l’histoire d’amour de Sassui et Punnu :

 Selon les récits, ce conte d’amour date de la période pendant laquelle Raja Dalo Rai régnait sur le Sind. L’un de ses nombreux ministres était un Brahmane, Nathon. Il était très riche mais il n’avait pas d’enfant. L’on raconte qu’un devin avait prédit que Nathon aurait un enfant, une fille, mais qu’elle épouserait un musulman.

 Et ce fut bien une fille que sa femme mit au monde. Quand le Brahmane apprit la naissance de leur fille, sa femme et lui convinrent d’enfermer le nouveau-né dans une caisse et de la jeter à la rivière afin qu’elle soit transportée par le courant vers un autre pays. Le courant emporta la caisse à Bhambore. Le blanchisseur Mohammad, qui lavait du linge au bord de la rivière, la récupéra et amena la petite fille chez lui.  Il la  nomma Sassui. Elle était extrêmement belle, d’une beauté qui alla croissant à mesure qu’elle grandissait, et ainsi sa renommée s’étendit.

 Des caravanes propagèrent la nouvelle de la beauté de Sassui jusqu’à Ketch, au Makran. Punnu, un prince de Ketch, entendant ce qui se disait, se déguisa en marchand et se mit en route pour Bhambore à la recherche de Sassui. Lorsqu’ils se rencontrèrent, les deux jeunes gens ne purent se quitter des yeux.  L’étincelle allumée dans le cœur  de Sassui se transforma en une flamme qui l’embrasa tout entière. Il en alla de même de Punnu.  Sassui confia ses états d’âme à son amie et confidente Saki. Celle-ci tenta de la consoler comme elle put. Mais quand elle sentit que Sassui ne pourrait pas vivre sans Punnu, elle décida de parler à ses parents afin qu’ils demandent à Punnu de l’épouser. Mohammad le blanchisseur, après les vérifications d’usage concernant le futur époux, lui offrit Sassui en mariage. Le père de Punnu, Ary Jam, ne put supporter que son fils épouse la fille d’un blanchisseur. Ainsi ordonna-t-il à ses autres fils d’enfourcher leurs montures afin de partir à sa recherche et de le reconduire à Ketch.

 Parvenus à Bhambore, les trois frères firent boire à Punnu et Sassui un elixir qui leur fit perdre connaissance. Allongeant alors Punnu sur le dos d’un chameau, ils prirent à vive allure la route de Ketch. Cependant, Sassui se réveilla. Ne trouvant plus Punnu à ses côtés, elle se mit à sa recherche, courant en tous sens, désemparée.

 S’apercevant que les trois frères avaient disparu avec leurs montures, elle se lança sur la route en suivant l’empreinte des pas des chameaux. Saki essaya en vain de la retenir. Elle courut, courut, traversant les monts, les vallées, les bois et les rivières, jusqu’au désert qui s’étendait à perte de vue. Epuisée, elle tomba et, avisant un berger qui se trouvait dans les parages, lui demanda s’il avait vu passer une caravane. Le berger, voyant une fille aussi belle, fut gagné par un puissant désir. Il tenta de l’amener de force dans sa hutte, mais Sassui appela Punnu à son aide. A bout de force, elle invoqua son dieu, l’implorant de la faire disparaître sous terre pour la sauver de ce berger malhonnête. Sa prière fut entendue : la terre se fendit sous ses pieds, et. Sassui  fut ensevelie. Lorsque la terre se referma, seul un bout de son foulard dépassait du sol.

 De son côté, Punnu reprit conscience et réalisa qu’il se trouvait ligoté sur le dos d’un chameau. Il en demanda la raison à ses frères, et le cadet lui répondit qu’ils le conduisaient à Ketch comme leur père le leur avait ordonné. Entendant cela, Punnu se débattit de toute ses forces et réussit à se délier. Se jetant à bas du chameau, il se mit à courir si vite que ses frères ne purent le rattraper. Suivant à rebours les traces de pas des chameaux, il s’était élancé dans la direction de Bhambore en criant « Sassui, Sassui !». Il parvint enfin à l’endroit où Sassui avait été engloutie par la terre. Le berger, abattu par ce qu’il avait fait, se trouvait toujours là. Sûr que Sassui s’était également lancée sur la route à sa recherche, Punnu demanda au berger s’il avait vu passer une très belle fille. Le berger pointa alors le bout du foulard qui dépassait du sol. Punnu reconnut le foulard de Sassui, et pria à son tour afin d’être également englouti dans la terre. La terre se refendit. Ainsi Punnu rejoignit-il Sassui dans les profondeurs, et les deux amoureux furent réunis à jamais.

 Selon l’anthropologue français, Michel Boivin, spécialiste du Sind :

Projection de la citation de Michel Boivinsur l'écran :

 « Sassui incarne plusieurs facettes de la culture  sindhi. Née dans une famille de brahmanes, elle fut élevée par un blanchisseur musulman, avant d’être épousée par un prince. Mais la famille de ce dernier n’accepta pas cette mésalliance et ses frères enlevèrent le prince. Les deux amants se chercheront dans les dunes brûlantes du désert avant de sacrifier leur vie pour être à nouveau réunis. Les bardes chantent cette légende depuis des siècles mais dans l’œuvre du soufi Shah Abdul Latif (m. 1752), Sassui est en fait une allégorie de l‘union mystique. »

 Voix-off

 Nous prenons l’histoire au moment où Sassui reprend conscience après l'enlevement de Punnu.  Nous laissons Shah Abdul Latif Bhittai, le grand poète soufi du Sind, qui se fait l'interprète de Sassui, raconter son calvaire en vers:

  

 Sassui

Où est parti mon amour ? Que dois-je faire ? Où dois-je aller ?

Ô mes amies ! On m’a trompée, comment vais-je le retrouver ?

Où est parti mon amour ?

 

Dans mon sommeil j’ai sursauté, une tristesse s’est emparée de moi

Les étrangers sont partis sans moi, Jusqu’à quand verserai-je des larmes

Où est parti mon amour ?

 

Les amies de Sassui essaient de la retenir

Ô mes amies ! Où irai-je le chercher ?

Ces étrangers m’ont abandonnée

 

Ceux du peuple de mon Punnu

Ses élégants frères

Apres avoir paré leurs chameaux

Après m’avoir endormie

 

Ils se sont détournés ces étrangers

Ils m’ont laissée seule ces étrangers

 

Comme cela serait bien, s’ils revenaient

Et m’emmenaient avec eux

J’ai mal de Punnu

Qui va me dire comment il va ?

 

Ils m’ont brisé le cœur

Ils m’ont laissée seule ces étrangers

 

Sassui s’écarte de ses amies qui essaient de la retenir

Allez-vous en mes amies !

La solitude est mon sort

 

Me font signe et m’appellent

Les dunes brûlantes du désert

 

Qu’il ne finisse par vous brûler, vous aussi

Le feu qui me consume

 

La quête de notre union

Où me conduira-t-elle ?

 

Sassui se met à courir

Ô mes amies !

L’étendue de l’univers est devant moi

 

Ceux qui cherchent la facilité n’ont rien à faire ici

Il n’y a que des épreuves devant moi

 

Le courage de tout surmonter

Les limites de l’impossible sont devant moi

 

Ni souci de soi, ni détachement

Le lieu de délivrance est devant moi

 

Ceux qui fuient les monts et les déserts

Ne trouveront jamais la paix

 

Le but que je recherche est difficile Ô mes amies

Mais qui a pu l’atteindre sans tourments

 

Sassui dans le désert

 

Sa  quête vaut bien la mort

Cette séparation, comme elle est dure à supporter,

 

Qu’ils fendent les montagnes

Mon ardeur et mon courage

 

Ô mon Punnu ! Ô mon Baloutche !

Ne me fais pas perdre la face devant tout le monde

 

Avant que je ne meure

Que je te voie devant moi

                                                                         

La délaissée t’appelle

Reviens mon bien-aimé !

 

J’ai quitté Bhambore

J’ai brisé tous les liens

 

Je me suis détournée de tout  le confort

Mes yeux recherchent mon bien-aimé

 

Reviens bien-aimé

Celui qui n’a pas connu les douleurs

Que sait-il du chagrin des autres ?

Que l’on me pointe du doigt, soit

 

Je viendrai vers toi

Reviens vers moi !

 

Pour toi, je suis heureuse même dans le désert

Je supporterai la séparation

Je ne me plaindrai pas

Si  là est mon bien

 

Epuisée et sans soutien

Parviendrai-je jamais à Ketch ?

 

Le soir est tombé, le soleil se couche

Où es-tu mon bien-aimé ?

 

Sassui tombe épuisée

 

Je demande à tous s’ils t’ont vu passer

Mais ces pauvres paysans

Que savent-ils de toi ?

Que toi-même viennes vers moi

Mes larmes, je n’arrive pas à les retenir

De douleur ma poitrine éclate

Que dans la poussière je disparaisse

Que je t’y retrouve !

 

Sassui est ensevelie. Seul le bout de son foulard sort de la terre

 

Punnu arrive en courant. Il voit le bout de foulard. Il est englouti par la terre à son tour

 

Dernière scène :

 

Le chant de Sassui entonné par 2 choristes

 

Un chant agréable résonne dans mon corps et dans mon âme

Ami, ton amour embaume mes espoirs

 

Reviens mon bien-aimé, tu manques à mes yeux

Comment puis-je être tranquille à Bhambore sans toi

 

Personne ne peut me consoler, moi délaissée dans ce monde

Ami, ton amour embaume mes espoirs

 

Hors toi, Ô mon sage ! Qui peut effacer mes douleurs

De qui faire mon confident, qui va me donner le courage

 

La saison des pluies n’est que l’automne pour moi

Ami, ton amour embaume mes espoirs

27 mars 2012

La pièce "Sassui et Punnu" jouée à l'Alliance Française de Karachi lors de la semaine de la Francophonie

 

La pièce "Sassui et Punnu" basée sur la poésie du poète soufi du Sind, Shah Abdul Latif Bhittaï, a été jouée à l'Alliance Française de Karachi lors de la semaine de la francophonie. Huma Mir a joué le rôle de Sassui, Yousuf Shahid était le conteur, Zubeida et Huma Hussain ont chanté "le chant de Sassui"

 

 

Présentation de la pièce: Hidayat Hussain et Daniel Baillon

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Huma Mir dans le rôle de Sassui

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Yousuf Shahid, le conteur

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Huma Hussain et Zubeida "Le chant de Sassui"

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